Le bébé qui se présente en siège, c’est un peu une marque de fabrique chez moi. Deux bébés, deux sièges (décomplétés), même position dans le ventre de maman. Je dois avoir un utérus spécial qui fait que mes bébés aiment se lover et peser de tout le poids de leur petite tête trop mignonne tout contre mon estomac et sous mes côtes droites. En bonus, j’ai aussi le droit à des coups de pieds dans la vésicule biliaire régulièrement (en tout cas, ce que je considère comme vésicule biliaire, je ne suis pas anatomiste).
Avoir un bébé en siège, on ne va pas se mentir, ça apporte quelques désagréments à la fin de la grossesse, et accessoirement lors de l’accouchement. Et ce, durant la période durant laquelle on a plutôt envie d’être sereine et rassurée, un accouchement n’étant quand même pas perçu comme la perspective d’un doux moment en thalasso par exemple. Surtout quand c’est la première fois qu’on accouche et donc, qu’on ne sait rien, qu’on appréhende un peu tout, et qu’on se fait une montage de tout ça.
Alors je me suis dit qu’il y aurait bien quelques mamans en quête d’infos et de retour d’expérience, que ça intéresserait. Si elles sont sont aussi avides d’info et contrôle freak que moi en tout cas 😀
►►Un peu d’infos sur le bébé en siège
Déjà, il faut savoir que juste, ça arrive. Statistiquement peu, mais ça arrive. Ma grand-mère n’a pas compris la première fois mes inquiétudes sur mon accouchement en siège, tant à son époque, on en faisait pas un patacaisse. On accouchait, souvent à domicile, bébé en siège ou pas. Et en plus, ma grand-mère, elle n’a pas accouché, elle a juste pondu, 3 fois, dont un bébé en siège. Sans douleur, sans problème, aussi naturellement qu’elle serait aller faire sa grosse commission quoi. Je sais, c’est énervant.
Ma Super Sage Femme Danielle URIEN qui m’avait préparée telle une athlète de haut niveau pour mon premier accouchement (elle fait ça à tout le monde, hein, c’était pas personnel, c’est une sorte de préparation en mode « Iron Man »), trouvait aussi complètement normal et anodin, un accouchement par le siège. Mais elle est de la vieille école, elle avait des décennies d’expérience. Aujourd’hui, comme c’est rare, on ne forme pas vraiment les obstétriciens à ça. Ils doivent avoir trop de trucs à voir à côté, on rationnalise leur formation. On préfère leur dire qu’une bonne vieille césarienne évite la prise de tête le jour J et les complications. De fait, avec certains praticiens, il vaut effectivement mieux être césarisée en cas de siège, parce que vraiment, ils n’ont pas assez d’expérience. Avec un praticien qui a quelques accouchements au compteur, là par contre, on peut le tenter.
Voici un article très bien fait du site cesarine.org qui explique ce qu’est un bébé en siège, pourquoi on a un bébé en siège, la façon dont on peut accoucher, etc… On voit surtout que c’est bien de relativiser ces données et les études sur le sujets : trop peu d’études ont été menées, sur des volumes de toute façon trop faibles, pour pouvoir évaluer correctement les incidences, risques et possibilité de retournement des bébés en sièges.
Je retiens pour ma part que :
- on estime qu’il y aurait environ 3-4 % de bébés en siège à terme (entre 37 et 41 semaines), dont plus de la moitié en siège décomplété)
- les 2/3 des accouchements se font en mode césarienne programmée
- 1/3 se fait donc par voie basse, avec 70% de réussite (le reste se termine donc en césarienne d’urgence)
Le rapport de l’OMS sur la VME, la Version par Manœuvre Externe, une des solutions pour tenter de retourner bébé en siège, confirme les chiffres ci-dessous.
Oui, car il existe des solutions pour tenter de retourner bébé, pour le passer en position céphalique, la plus favorable à un accouchement. On peut citer entre autres :
- la VME, version par manoeuvre externe, qui se fait à l’hôpital sous suivi monito + échographie : un médecin tente de faire bouger bébé à travers le ventre, ça dure quelques minutes
- l’acupuncture : il y a notamment un point près des petits orteils qu’il convient de faire chauffer avec de l’armoise notamment. Ce point est réputé pour favoriser le mouvement de bébé et donc pour retourner les bébés
- l’ostéopathie
- l’hypnose
- l’haptonomie
- les postures (à répéter tous les jours, 20min, depuis la semaine 34) : le pont passif de Bayer ou le pont indien, la position genu-pectorale appelée parfois prière musulmane
Après, les solutions n’ont pas été suffisamment étudiées pour valider / invalider les tentatives. En effet, On ne peut pas trop savoir à ce jour si l’acupuncture, faire le pont indien ou encre une VME fonctionne en elle-même, on si le bébé se serait de toute façon retourné. Dans mon cas, c’est clair, tout est invalidé :p. Mes bébés, à l’inverse, n’étaient pas prévu pour sortir de mon uterus tête en bas.
►► Mon 1er bébé en siège
J’avoue, comme toutes les primipares sûrement, ne pas m’être posée trop de question sur le sujet. En fait, j’avais fantasmé mon accouchement en mode naturelle : pas de péridurale, une préparation de ouf (prépa à l’accouchement et sophro + yoga + haptonomie).
On a un peu déchanté à 32 SA quand on nous a annoncé un bébé en siège. Pas de panique nous dit le gynéco, 15% de siège encore à 32 SA. Mais du coup, il nous prépare un peu quand même (souvent césarienne pour une primipare, et ça dépendra complètement du gynéco le jour J). On ne panique pas tout à fait, mais on s’interroge. Ok, ça me déprime. La césarienne, c’est quand même la pire version de l’accouchement pour moi. Je me prépare à un truc loin du sur-médicalisé. Qu’est-ce qu’il y a de plus médicalisé qu’une césarienne ?! On respire. On canalise la colère (non parce que notre année, à cette époque, a été l’année de l’adveristé, c’était un peu la goutte d’eau qui fait déborder le base). Normalement, bébé a le temps de se retourner tout ça. Mais on passe en mode binge d’info pour voir si on peut pas aider.
Voilà donc ce qu’on a tenté :
- les postures (pont indien et prière musulmane), quasi tous les jours, malgré les remontées acides
- tentative via l’haptonomie (avec la Sage-Femme qui nous suivait)
- ostéopathie : pour faire de la place à bébé et bien vérifier qu’il n’y a rien de mécanique qui bloque
- acuptuncture : séance + à la maison, je me suis fait chauffer l’armoise tous les jours près du méridien
Bon, en semaine 36, rien n’avait bougé. Après une radio du bassin (pelvimétrie), j’ai l’accord de principe d’un accouchement voie basse, pour le siège. En effet, mon bébé est dans la moyenne basse. Aucun problème théoriquement pour que ça ne passe pas. Et le gynéco qui me suit a l’air de kiffer de m’accoucher en siège….
De notre côté, j’oscille entre me faire / nous faire confiance, à mo bébé et moi, pour que ça se passe bien. Et le stress que ça procure que ça ne se passe pas comme prévu, que quand même, c’est un peu plus risqué qu’un accouchement dit normal, tout ça.
Oui, j’ai pleuré de frustration et de colère, de me dire que c’est injuste que ça me tombe dessus, moi qui ne prépare comme une folle à un accouchement sans péridural. Et puis, y a la vie qu’il faut accepter. On a déjà sauvé les meubles : j’ai le droit de tenter la voie basse, et ça, ça me file la grosse niaque.
Bref, j’ai donc eu un déclenchement naturel, je suis partie à la clinique, j’ai savouré mes contractions, j’ai fait un travail « brillant », le minimum qu’on demande à une femme qui accouche en siège (comprendre une dilatation du col continue et rapide), j’ai reçu une péridurale (plus que recommandée dans mon cas, puisque gros risque de césarienne quand même in fine). J’ai senti, j’ai bougé, je me suis mise à quatre patte sur la table d’accouchement, j’ai chanté, je me suis reposée, j’ai poussé et senti les fesses de mon bébé à travers ma vulve. Et puis tout s’est arrêté : le bébé a commencé à tourner. Fin de la partie. Pas de risque pris à ce stage d’avoir un cordon qui se met en travers ou une tête qui ne passe pas : césarienne d’urgence.
Bon, même si c’est la loose, on a bien rigolé pendant la césarienne. L’équipe était formidable. J’ai eu la chance d’être accouchée par la sage-femme formidable qui a suivi ma grossesse, Anne-Céline Daniel. J’ai eu la chance d’être tombée sur la bonne gynéco, qui m’a suivi dans mon projet. Vraiment, c’était chouette.
Ce qui était moins chouette, c’est de ne pas avoir eu la chance de sentir mon bébé sortir de moi, qu’on me le pose sur le torse et qu’on apprenne à se connaitre tous les deux, sereinement. On m’a apporté mon bébé, la chair de ma chair, trente seconde près de mon visage, puis on me l’a enlevé, loin loin de moi. J’ai pleuré toutes les larmes de mon corps en salle de réveil, en suppliant l’équipe de me faire remonter parce que je me sentais bien. Et une fois dans ma chambre, attendant impatiemment mon tout petit, immobilisée par la césarienne, j’étais au fond du trou du néant. Les 2h les plus dures de toute ma vie. Mon bébé est enfin arrivé et ce sont des larmes de joie qui ont coulé. Nous avions été bien trop séparé. Heureusement qu’il avait été avec son papa durant tout ce temps !
Mais franchement, j’ai eu du mal à la digérer celle-là. Et je m’étais dit que vraiment, je ne voudrais plus jamais revivre ça. Pas de chance, mon utérus en a décidé autrement !
►► Mon 2ème bébé en siège
La tristitude. Je n’ai même pas envie d’en parler. Enfin si, puisque c’est cool de partager. Mais j’en garde pas un souvenir de ouf.
Bref, d’un côté, deux bébés en siège, on se disait que statistiquement on devrait passer entre les mailles du filet. D’un autre côté, on est souvent dans les petites stats de merde genre inimaginable.
On a donc espéré. Je me suis prise (encore) à rêver d’un accouchement voie basse, avec péridurale pour par chialer ma reum. En effet, un accouchement sur utérus cicatriciel, c’est un peu plus douloureux et surtout, comme on a plus de risque de refaire une césarienne d’urgence pendant le travail, ils (les équipes médicales) préfèrent prévenir plutôt que guérir (entendez ils préfèrent une péridurale déjà opérationnelle plutôt que de risquer l’anesthésie générale).
Devinez quoi ? Banco, on a eu un 2ème bébé en siège.
Pour résumer : les normes ont changé, là où on m’avait accepté une voie basse elle m’a été réfusée à l’hopital. >> Ok, je peux accoucher ailleurs ? Ben on n’a pas de proches à côté qui pourrait nous garder notre premier tétard, donc c’est plus facile à gérer à l’hôpital de notre ville (déjà qu’on a finalement de la chance de vivre dans une ville avec une maternité). >> On peut aller contre l’avis médical ? Bien sûr, j’aurais pu dire « Fuck you, je tente la voie basse. j’ai 99,9% de chance de réussite alors de la merde. Sauf que est-ce que je suis prête à prendre la responsabilité, seule, s’il arrive un truc à mon tétard (quand ça se passe mal, le siège, ça peut VRAIMENT mal se finir). Papa, lui, préfère jouer la sécurité pour le bébé même s’il voit ma détresse. Et décidément, je suis trop fatiguée (#cafait4ansquejedorspasla nuit) et écœurée (mais pourquoi moi bordel ?! pourquoi tout le monde enfin 85% des femmes accouchent normal, sans se prendre la tête ?!) pour prendre une décision compliquée. Je baisse les armes. Je vais une fin de grossesse merdique. Pourrie. Triste à mourir.
J’ai fini par accepter d’organiser une césarienne programmée (franchement, le pire du pire pour moi car bébé dans ce cas n’est pas prêt à sortir, c’est contre nature)
J’ai du faire le deuil d’un accouchement par voie basse que je n’aurais donc JAMAIS de ma vie. J’ai eu peur de l’opération (alors que je n’ai jamais eu peur du médicale, là, j’ai eu peur pour moi et pour le bébé… les hormones ?), c’est à dire que j’ai grave appréhendée. J’ai pleuré quasi tous les jours les dernières semaines. J’allais non pas accoucher mais me faire opérer, dans ma tête. Et cette opération, c’était moyen justifié (juste précaution et statistiques) alors que j’allais arracher un petit être au chaud de mes entrailles. D’ailleurs, pas manque, mon tétard l’a super mal vécu cette césarienne. Il n’a pas dormi pendant les 36 premières de sa vie. Il était en mode « Alerte générale ». Son système était qué-blo sur la défensive. Pauvre petit amour. J’étais tellement mal les semaines avant que le jour de la césarienne, j’arrivais à peine à tenir mon petit loulou le jour J : mon corps a subi des tremblements de malade, sérieusement, j’aurais pu penser à un Parkinson si je n’avais pas eu du produit anesthésiant dans le corps (ce qui aide pas, niveau tremblement).
J’ai compris, pendant cette journée, ce que pouvait être la dépression post partum, car je l’ai touché du doigt. J’étais en mode automatique pour m’occuper de mon bébé. Mon corps et mon être était tellement en souffrance, que je ne pouvais pas faire plus que des automatismes. J’ai eu de la chance, ça s’est estompé au fur et à mesure que je reprenais des forces. Dès le lendemain, c’était parti. Mais heureusement que Papa était là pour apporter joie et amour à notre tétard joli, le jour de son arrivée.
Gros, que dis-je, ENORME BIG UP à une et UNE SEULE personne de l’hôpital, le reste c’était une parodie de l’hôpital publique*. Bref, cette merveilleuse jeune sage femme, d’une douceur infinie, comme toutes les jeunes sages femmes que j’ai rencontré à l’hosto, nous a apporté du réconfort. Elle a tout fait pour m’octroyer ce qu’elle pouvait. Elle était en retrait mais toujours présente, pleine de petite attention. Et surtout, elle a réussi ce qu’on ne croyait plus possible (on avait demandé au gynéco qui opérait si c’était possible, refus « mais madame, vous savez quelle température il fait ! c’est un bloc opératoire enfin ! ») : elle m’a permis de profiter un max de ma crevette, dès sa sortie. Elle me l’a apporté près de mon visage, s’est excusé pour aller faire le minimum de soin obligatoire pour le sécher et l’habiller notamment, avec le papa. Elle est revenu très vite. Et pendant qu’ils me recousaient, j’ai juste reniflé, pleuré et échangé tout ce que je pouvais d’ocytocine avec mon amour de bébé. Bref, elle m’a littéralement sauvé mon accouchement. Je ne saurais l’en remercier. MERCI MERCI MERCI MERCI.
*jusqu’à l’entrée au bloc, je ne savais pas si Monsieur pouvait m’accompagner pendant la césarienne, entre le règlement césarienne programmée / césarienne d’urgence cc’est différent, et en cas de covid je vous raconte pas. Plus, le gynéco m’a dit bonjour derrière le champ, a fait son taf, puis s’est cassé en me souhaitant bonne journée. Je ne l’ai littéralement pas vu).
Bref, autant la première césarienne, je ne l’ai vécu que comme un aléa, autant la 2ème, je l’ai vécu comme une souffrance, avant / pendant / après, car il faut en plus s’en remettre, accepter de ne pas faire les premiers soins de bébé, etc… J’écris ce chapitre 4 mois après la naissance, et j’avoue, j’ai mis 2 mois avant de dire que j’avais accouché, et non que j’avais été opérée.
Heureusement, chaque histoire et différente, on vit les choses très différemment. Et surtout avec du recul, l’accouchement n’est qu’un infime parti de notre parentalité. Ok, j’ai toujours les boules quand des gens me parlent de leur accouchement naturelle voie basse à la maison. Mais c’est derrière moi. De toute façon, techniquement, là, j’ai d’autres chats à fouetter. Tiens, elle est horrible cette expression. Qui fouette des chats sérieux ?!
►► Bébés en siège : Ressources et documentations
Je vous mets à disposition quelques ressources que nous avons consulté, qui nous ont permis d’être un peu mieux éclairés sur la situation et les choix qui s’offraient à nous.
► Information VME à l’hôpital
Je ne pense pas que ce document soit confidentiel, je me permets donc de le mettre ici. Il s’agit d’une fiche d’information transmise par mon hôpital lors du suivi de ma 2ème grossesse.
► Le site preanesthesie.fr
Lors de ma 2ème grossesse, j’ai fait une consultation téléphonique avec l’anesthésiste en SA 34. Par téléphone, pour cause de Covid-19 « 2ème vague ». Il était charmant, ça a duré 5 min montre en main. Il m’a ensuite envoyé par email un lien vers ce site, preanesthesie.fr, qui informe les femmes enceinte sur la péridurale notamment. Ça a le mérite d’exister. Vous pouvez télécharger en ligne (ou ci-dessous, au cas où il disparaitrait du web) une brochure sur les questions qu’on peut se poser.